Le retour de l'uniforme a l'école a été
récemment un sujet de débats, pour plusieurs
raisons. La première était l'absence nécessaire
de signes visibles d'appartenance politique ou religieuse
dans les établissements scolaires. C'est ainsi qu'au
nom de la laïcité, on imposerait un uniforme,
et qu'au nom de cette même laïcité, on irait
à l'encontre du mot "liberté" gravé
sur nos anciens francs. Cette première raison a été
la plus largement débattue, en masquant presque une
autre, d'importance égale. La seconde raison d'une
éventuelle uniformisation imposée des élèves
était le respect des bonnes moeurs. La tenue ne doit
pas être provocatrice, mais se doit d'être décente.
Le principal accusé face à cette morale pèse
une quinzaine de grammes, et comme il a été
sur toutes les bouches (l'emploi du mot "lèvres"
aurait prêté à confusion), il ne devrait
pas être sur toutes les fesses. Le string s'est donc
fait royalement déchirer par de nombreuses associations
de parents d'élèves, et cet article essaiera
de recoudre ce pauvre petit bout de ficelle.
L'argument le plus largement avancé contre le string
apparent a été : "ça fait salope".
Ben là, c'est une belle connerie, d'emblée.
En effet, l'avantage principal du string, c'est qu'il ne laisse
pas de marque sous les vêtements moulants. Et si ça
ne laisse pas de marque, n'importe qui peut se dire "elle
n'a pas de marque de culotte, cette salope n'en porte pas".
Porter son string de manière apparente permet donc
d'éviter de susciter de telles pensées. Quoi
de plus désagréable que d'avoir un interlocuteur
qui vous reluque le postérieur discrétement
durant la conversation, essayant de déterminer si vous
êtes en liberté dans votre pantalon. Et quand
la petite Jenifer passe au tableau, elle n'a pas envie que
ses camarades disent d'elle qu'elle ne porte pas de culotte,
alors son string, elle l'affiche.
Sans aller jusqu'à dire que ça fait salope,
la salope étant un tout, nous avons également
entendu que la lingerie est quelque chose d'intime, qu'il
faut rester pudique et ne pas l'exhiber. Connerie, bien évidemment.
Premièrement, on ne fait jamais ce genre de réflexion
à un garçon qui porte son jean au niveau des
genoux. A la rigueur, on se moquera de lui en lui faisant
remarquer qu'il a du se chier dessus, ou on le félicitera
de sa capacité à garder son slip propre pendant
trois voire quatre jours. Mais jamais, au grand jamais, on
ne lui dira "range ton slip, petit pervers". Deuxièmement,
compte tenu de la recrudescence des programmes de télé-réalité,
il semblerait que l'exhibitionnisme et le voyeurisme aient
cassé la gueule de la bonne morale. On ne pourrait
donc pas afficher (ou observer) un magnifique string dans
la rue, à l'école, ou encore à la pompe
à essence, mais il serait tout à fait normal
de passer son samedi soir devant la télé, en
famille, à matter des gros cons et des bimbos au QI
d'huître se rouler des pelles, voire même copuler.
Il faut toutefois admettre que, dans certains cas, il est
préférable de les voir dans leur intimité
que de les entendre chanter.